
Le Centre Culturel Sénoufo de Sikasso a choisi une symbolique culturelle de la société sénoufo pour son emblème. Il s’agit de l’image du Calao que vous pouvez constater sur les entêtes et sur les publications du Centre. De même, en faisant le tour de notre musée, on y trouve plusieurs représentations du calao en bois sculpté et en fer.
En quoi consiste la grandeur du Calao ? Selon la mythologie sénoufo, les cinq premiers animaux sur terre (animaux primordiaux) furent le caméléon, la tortue, le serpent, le crocodile et le Calao. Ces animaux primordiaux étaient protégés par la société traditionnelle sénoufo parce que leur bien-être était étroitement liée à l’équilibre et à la santé de l’environnement. C’était un indicateur de la santé générale de l’écosystème, permettant ainsi de détecter des problèmes environnementaux.
Chez le peuple Sénoufo, le Calao, appelé Zhigban en langue sénoufo ou « ségen » / « digon » en bambara est un oiseau sacré. Il constitue ainsi un symbole de l’identité et les valeurs culturelles de la société sénoufo. Il est le protecteur du bois sacré et on lui attribue un lien fort avec le monde ancestral. Il symbolise la sagesse, la fécondité et la protection. C’est aussi un oiseau de bon augure / porte-bonheur. Le voir en début d’hivernage, présage une bonne pluviométrie et une bonne récolte.
Sur le plan artisanal, le calao est souvent représenté sous forme de sculptures en bois, ayant un bec long et pointu, un ventre bombé, un dos large, des pattes fortement posées sur le sol, d’une stature robuste et une position droite. Les représentations du calao sont omniprésentes dans le bois sacré, lieu où se déroulent des rites initiatiques et lors des cérémonies rituelles ou encore comme des objets décoratifs.
Sur le plan culturel, les sculptures du grand calao sont des symboles par excellence de une éducation holistique et de la transmission des connaissances de génération en génération. En effet, chaque partie du calao constitue un creuset d’enseignement pour les jeunes initiés.
- Satête est symbole d’une « bonne mémoire », la connaissance et le savoir. Le jeune initié doit savoir retenir les enseignements reçus tout au long de sa formation.
- Son bec fermésymbolise la maîtrise de soi. Le jeune initié doit savoir que ce tout ce que l’on connait n’est pas toujours bon à dire ; il faut savoir maitriser sa langue, être discret et surtout faisant attention à ne pas dévoiler ce que l’on apprend dans le bois sacré.
- Son ventre bombésymbolise la fécondité et la prospérité.
- Sa forme droiteest un symbole de la droiture et l’honnête dont l’initié doit s’approprier. Il ne doit ni mentir ni voler ou encore commettre l’adultère.
- Sa robuste stature, son large dos et ses ailes écartéessont des symboles de l’endurance et la ténacité qui interpellent l’initié à être fort, à tenir bon en toutes circonstances et à assumer pleinement sa responsabilité dans la société. C’est une manière de dire au jeune initié d’être prompte au travail et de tout faire pour se nourrir soi-même !
- Ses pattes fortement posées au solvisent à interpeller le jeune initié à rester fortement attaché à ses origines et enraciné dans sa culture.
Ne sont-elles pas les valeurs recherchées pour la reconstruction d’un Mali-Kura ? Voilà pourquoi le Centre Culturel Sénoufo s’est proposé l’image du calao comme son idéal, un modèle à imiter.