La grossesse.

Soucieux d’assurer la pérennité du groupe, le sénoufo est fortement ouvert à la procréation ; voilà pourquoi le célibat n’est pas admis dans cette société. Tout est mis en œuvre pour concevoir et enfanter. La première richesse est d’abord la fécondité qui assure une descendance nombreuse. Au fond, le problème de la polygamie n’est pas d’abord lié à une question de main d’œuvre pour assurer une prospérité, mais à une forte préoccupation d’assurer la continuité de la famille (du clan) surtout dans un contexte de forte mortalité infantile et maternelle. Une grossesse est alors toujours accueillie avec une grande joie par la famille. L’enfant vient enrichir la famille et tout est mis en œuvre pour que la grossesse puisse arriver à terme et que l’accouchement se passe sans problème. Cela génère une certaine
inquiétude qui pousse à soumettre la femme enceinte à des interdits. La nouvelle de la grossesse, surtout en ses débuts, doit être tenue discrète, de peur que des personnes mal- veillantes cherchent à faire du mal au futur bébé ; c’est ainsi qu’on entendra dire d’une femme en début de grossesse : je doute un peu d’elle. Voici quelques interdits alimentaires pour les femmes en grossesse ; la femme enceinte ne doit pas manger :
– la viande du rat voleur : l’enfant deviendra voleur
– la viande du varan : l’enfant n’aura pas de prestige
– la viande de l’oiseau : l’enfant aura des convulsions
– la viande de mouton : l’enfant aura des problèmes respiratoires

L’accouchement.
Quand la grossesse est à terme, les femmes les plus âgées de la cour restent aux petits soins de la femme enceinte. Dès que le travail commence, elles vont appeler la matrone qui est souvent une vieille femme expérimentée. L’accouchement se fait à la maison, loin des regards des hommes. Les premiers soins sont apportés au nouveau né et à sa mère. Une fois l’accouchement terminé, le placenta est enterré soigneusement par une femme de la cour. La nouvelle mère doit rester dans la maison sans sortir pendant trois jours si le bébé est un garçon, pendant quatre jours si c’est une flle. Un repas d’honneur est servi pour accueillir le nouveau né ou plutôt pour féliciter la mère.Ce repas consiste en la viande de poulet préparée dans une sauce pimentée : un coq si le bébé est un garçon, et une poule si c’est une flle. Au bout de ce temps obligatoire à passer dans la maison sans sortir, une cérémonie de purifcation est faite par les vieilles femmes, pour que la nouvelle mère puisse entrer en contact avec les hommes. On va alors présenter le nouveau né au chef de famille qui l’accueille selon un rite qui varie d’une région à une autre. Le chef de famille le reçoit et lui donne un nom et ordonne qu’on lui rase la tête. A ce nom donné, peut s’ajouter un autre que les vieilles avaient déjà choisi dès les premiers instants de l’accouchement. Dans la région de Korhogo, on présente l’enfant aux ancêtres et à Dieu ; à Nielle, le papa de l’enfant apporte douze cauris dont une partie est jetée dans la cour et l’autre à l’extérieur. Si c’est une flle, c’est le temps de la mise à part où la famille intéressée doit se manifester, en apportant le prix du beurre ou en attachant un cauri à l’enfant.

L’allaitement et le sevrage.
La durée de l’allaitement est soumise à l’état de santé de la mère. Elle varie de quinze à vingt-quatre mois. Pendant cette période, la croissance de l’enfant est assurée par le lait maternel et la médication indiquée par les vieilles les plus expérimentées (la grand-mère, les guérisseurs etc….). Au fur et à mesure que les signes de croissance se multiplient, la maman prépare le sevrage de l’enfant en variant son alimentation et en l’initiant à l’autonomie personnelle (la parole, le dé-placement…). La tradition ne prévoit pas de rite spécial pour le sevrage. Progressivement, l’enfant passe plus de temps avec ses grands frères ou ses sœurs et sera très rarement attaché au dos de sa maman sauf en cas de maladie.
La croissance. Une fois que l’enfant est détaché de sa mère, son éducation est assurée par tous les membres de la grande famille. Les aînés sont responsables des plus jeunes. Naturellement le garçonnet passera plus de temps avec son grand père ou son père et la fllette auprès de sa grand-mère ou de sa mère. Dans ce nouveau milieu d’éducation, l’enfant découvre la rigueur dans les châtiments et apprend à se défendre sans tuteur. Le garçon découvre de plus en plus sa virilité et réduit le rôle de sa mère à celle d’une nourrice. Il accompagne les autres en brousse pour chasser les oiseaux ou jouer loin de la case des parents. Quant à la fllette elle apprend petit à petit les travaux de ménage. Elle est formée à l’obéissance et découvre la pudeur féminine.

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